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D’UNE PARISIENNE

Mme Graindor, dont la voix prenante détaille si chaudement les chansons de Richepin, est rappelée plusieurs fois.

Un peu de fièvre monte. Les « bravos ! bravos ! » plus nourris, plus sonores, éclatent. Les bras ne tiennent plus en place. Le programme, qui était très réussi et fort copieux, prend heureusement fin ; après des chœurs, des duos, une représentation de marionnettes, que sais-je encore !

Il est temps. L’angoisse commence à étreindre ceux qui comme moi sont venus là en curieux, on éprouve un besoin grand de fuir, de quitter cette maison où souffle un vent de folie, et de s’en aller bien vite vers les rues bourdonnantes. Mais voilà que les camelots hurlent les journaux du soir. En les voyant s’agiter, clamer : « La crise ! la crise ! les révélations dernières ! » on se sent repris de malaise, et l’on se demande si ce n’est pas la hantise de ces visages lamentables qui vous poursuit, comme un cauchemar.