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NOTES ET IMPRESSIONS

unes, peignées avec soin, prennent des attitudes coquettes ; d’un revers de main elles font bouffer le nœud de leur cravate, pincent la bouche et agitent avec des gestes prétentieux de larges éventails de papier ; d’autres, cheveux rasés, apparaissent hideuses ; certaines sont presque chauves et leurs fronts bombés luisent comme des boules polies.

J’en aperçois même une dont la tête est enveloppée d’une sorte de béguin bleu, et qui roule, sous ses orbites profondes, des prunelles révulsées.

Celle-là, rien n’a pu l’égayer. Pendant tout le concert, elle a enfoui sa figure dans ses mains, de longues mains fines, qui tressaillaient, agitées de tremblement douloureux.

Les têtes blondes et brunes voisinent avec les bandeaux gris, et de vieilles mèches blanches s’échappent de bonnets noirs comme en portent les aïeules.

La fête commence, les premiers accords du piano vibrent.

Aussitôt des cris de joie fusent. Les bouches se fendent, les yeux brillent, les bravos éclatent,