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D’UNE PARISIENNE

— Tiens, j’vas payer un cadeau à mon neveu, s’écrie l’aînée de la bande.

Et, très animées, les voilà qui font tout bouleverser. On ouvre les cartons, on aligne les bataillons, et le patron tire les minuscules canons.

Le marchand ne se décourage pas, il crie, gesticule, sans discontinuer ; c’est un flot de paroles. Finalement, nous encaissons encore une nouvelle recette.

Les amateurs de jouets deviennent de plus en plus rares. Il fait froid, le vent cingle, et les traînards se hâtent de retourner dans la chambre close où le bon feu braisille dans l’âtre.

J’allais, moi aussi, me retirer, quand je vois dévaler, cahin-caha, une pauvresse hâve et loqueteuse. Elle remorque trois mioches qui ouvrent, à la vue de tant de belles choses, des yeux agrandis.

Ils sont jolis, ces bambins, dont le plus vieux a peut-être huit ans. Leurs frimousses sont gentilles en dépit du froid qui bleuit leurs joues et violace leurs doigts.