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Rafael.

Fais-nous faire à souper. Certes, l’heure est choisie
Pour nous laisser ainsi casser tous tes carreaux !
Dépêche, sac à vin ! — Pardieu ! si j’étais gros
Comme un muid, comme toi, je dirais qu’on me porte,
En guise d’écriteau, sur le pas de ma porte ;
On saurait où me prendre au moins.

Palforio.

On saurait où me prendre au moins.Excusez-moi,
Très-excellent seigneur.

Rafael.

Très-excellent seigneur.Allons, démène-toi.
Vite, va mettre en l’air ta marmitonnerie.
Donne-nous ton meilleur vin et ta plus jolie
Servante ; embroche tout : tes oisons, tes poulets,
Tes veaux, tes chiens, tes chats, ta femme et tes valets !
— Toi, l’abbé, passe donc ; en joie ! et pour nous battre
Après nous taperons, vive Dieu ! comme quatre.



Scène IV


La loge de la Camargo. — On la chausse.


Camargo.

Il ira. — Laissez-moi seule, et ne manquez pas
Qu’on me vienne avertir quand ce sera mon pas.

— C’est la règle, ô mon cœur ! — Il est sûr qu’une femme
Met dans une âme aimée une part de son âme.
Sinon, d’où pourrait-elle et pourquoi concevoir
La soif d’y revenir et l’horreur d’en déchoir ?
Au contraire, un cœur d’homme est comme une marée