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Moi, pour un peu d’amour je donnerais mes jours ;
Et je les donnerais pour rien sans les amours.

Ninon.

Je ne me trompe pas ; — singulière romance !
Comment ce chanteur-là peut-il savoir mon nom ?
Peut-être sa beauté s’appelle aussi Ninon.

La Voix.

Qu’importe que le jour finisse et recommence,
Qu’importeQuand d’une autre existence
Qu’importeLe cœur est animé ?
Ouvrez-vous, jeunes fleurs. Si la mort vous enlève,
La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve,
Et vous aurez vécu, si vous avez aimé.

Ninon, soulevant sa jalousie.

Ses éperons d’argent brillent dans la rosée ;
Une chaîne à glands d’or retient son manteau noir.
Il relève en marchant sa moustache frisée. —
Quel est ce personnage et comment le savoir ?


Scène II.

IRUS, à sa toilette, SPADILLE, QUINOLA.
Irus.

Lequel de vous, marauds, m’a posé ma perruque ?
Outre que les rubans me font mal à la nuque,
Je suis couvert de poudre, et j’en ai plein les yeux.

Quinola.

Ce n’est pas moi.

Spadille.

Ce n’est pas moi.Ni moi.