Mais qui, mal fixé, tremble, et que la passion
Peut faire à chaque instant tomber dans l’action.
Scène III
Et tu m’as attendu, ma petite Mamette !
Tu comptais jour par jour dans ton cœur et ta tête.
Tu restais là, debout, sur ton seuil entr’ouvert.
Mon ami, mon ami, Mamette a bien souffert !
Les heures s’envolaient, — et l’aurore et la brune
Te retrouvaient toujours sur ce chemin perdu.
Ton Charle était bien loin. — Toi, comme la fortune,
Tu restais à sa porte, — et tu m’as attendu !
Comme vous voilà pâle et la voix altérée !
Mon Dieu ! qu’avez-vous fait si loin et si longtemps ?
Ma mère, savez-vous, était désespérée.
Mais vous pensiez à nous quand vous aviez le temps ?
J’ai connu dans ma vie un pauvre misérable
Que l’on appelait Frank, — un être insociable,
Qui de tous ses voisins était l’aversion.
La famine et la peur, sœurs de l’oppression,
Vivaient dans ses yeux creux ; — la maigreur dévorante
L’avait horriblement décharné jusqu’aux os.