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LES FEMMES.

Que ton visage est beau ! comme on y voit, ma chère,
Le premier des attraits, la beauté du bonheur !
Comme Frank va t’aimer ! comme tu vas lui plaire,
Ô ma belle Diane, à ton hardi chasseur !

DÉIDAMIA.

Je souffre cependant. — Si vous me trouvez belle,
Dites-le-lui, mes sœurs, il m’en aimera mieux.
Mon Dieu, je voudrais l’être, afin qu’il fût heureux.
Ne me comparez pas à la jeune immortelle :
Hélas ! de ta beauté je n’ai que la pâleur,
Ô Diane ! et mon front la doit à ma douleur.
Ah ! comme j’ai pleuré ! comme tout sur la terre
Pleurait autour de moi quand mon Charle avait fui !
Comme je m’asseyais à côté de ma mère,
Le cœur gros de soupirs ! — Mes sœurs, dites-le-lui.



Scène II

LES MONTAGNARDS.

Ainsi Frank n’est pas mort : — c’est la fable éternelle
Des chasseurs à l’affût d’une fausse nouvelle,
Et ceux qui vendaient l’ours ne l’avaient pas tué.
Comme il leur a fait peur quand il s’est réveillé !
Mais aujourd’hui qu’il parle, il faut bien qu’on se taise.
— On avait fait jadis, quand l’Hercule Farnèse
Fut jeté dans le Tibre, un Hercule nouveau.
On le trouvait pareil, on le disait plus beau :
Le modèle était mort, et le peuple crédule
Ne sait que ce qu’il voit. — Pourtant le vieil Hercule
Sortit un jour des eaux ; — l’athlète colossal