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Elle couchait chez lui ; — nous l’avons vue hier.

LE PEUPLE.

Laissez parler le moine ! —

FRANK.

Laissez parler le moine ! — Il a fait pis encore :
Il a réduit son père à la mendicité.
Il avait besoin d’or pour cette courtisane ;
Le peu qu’il possédait, c’est là qu’il l’a porté.
Soldats, que faites-vous à celui qui profane
La cendre d’un bon fils et d’un homme de bien ?
J’ai mérité la mort, si ce crime est le mien.

LE PEUPLE.

Dis-nous la vérité, moine, et parle sans crainte.

FRANK.

Mais si les Tyroliens qui sont dans cette enceinte
Trouvent que j’ai raison, s’ils sont prêts au besoin
À faire comme moi, qui prends Dieu pour témoin…

LES TYROLIENS.

Oui, oui, nous l’attestons, Frank est un misérable.

FRANK.

Le jour qu’il refusa sa place à votre table,
Vous en souvenez-vous ?

LES TYROLIENS.

Vous en souvenez-vous ?Oui, oui, qu’il soit maudit !

FRANK.

Le jour qu’il a brûlé la maison de son père ?

LES SOLDATS.

Oui ! Le moine sait tout.

FRANK.

Oui ! Le moine sait tout.Et si, comme on le dit,
Il a tué Stranio sur le bord de la route…

LE PEUPLE.

Stranio, ce palatin que Brandel a trouvé