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ACTE TROISIÈME


Scène PREMIÈRE

Devant un palais. — Glurens.
CHŒUR DE SOLDATS.

Telles par l’ouragan les neiges flagellées
Bondissent en sifflant des glaciers aux vallées ;
Tels se sont élancés, au signal du combat,
Les enfants du Tyrol et du Palatinat.
Maintenant l’empereur a terminé la guerre.
Les cantons sur leur porte ont plié leur bannière.
Écoutez, écoutez : c’est l’adieu des clairons ;
C’est la vieille Allemagne appelant ses barons.
Remonte maintenant, chasseur du cerf timide !
Remonte, fils du Rhin, compagnon intrépide ;
Tes enfants sur ton cœur vont venir se presser.
Sors de ta lourde armure, et va les embrasser.
Soldats, arrêtons-nous. — C’est ici la demeure
Du capitaine Frank, du plus grand des soldats.
Notre vieil empereur l’a serré dans ses bras.
Couronné par le peuple, il viendra tout à l’heure
Souper dans ce palais avec ses compagnons.
Jamais preux chevalier n’a mieux conquis sa gloire.
Il a seul, près d’Inspruck, emporté l’aigle noire,
Du cœur de la mêlée aux bouches des canons.
Vingt fois ses cuirassiers l’ont cru, dans la bataille,
Coupé par les boulets, brisé par la mitraille.