Fit-il, en m’animant, tomber sur ma poitrine
L’étincelle divine
Qui me consumera ?
Pourquoi suis-je le feu qu’un salamandre habite ?
Pourquoi sens-je mon cœur se plaindre et s’étonner,
Ne pouvant contenir ce rayon qui s’agite,
Et qui, venu du ciel, y voudrait retourner !
Ceux dont l’ambition a dévoré la vie,
Et qui sur cette terre ont cherché la grandeur,
Ceux-là, dans leur orgueil, se sont fait un honneur
De mépriser l’amour et sa douce folie.
Ceux qui, loin des regards, sans plainte et sans désirs,
Sont morts silencieux sur le corps d’une femme,
Ô jeune montagnard, ceux-là, du fond de l’âme,
Ont méprisé la gloire et ses tristes plaisirs.
Vous parlez de grandeur, et vous parlez de gloire.
Aurai-je des trésors ? l’homme dans sa mémoire
Gardera-t-il mon souvenir ?
Répondez, répondez, avant que je m’éveille.
Déroulez-moi ce qui sommeille
Dans l’océan de l’avenir !
Voici l’heure où, le cœur libre d’inquiétude,
Tu te levais jadis pour reprendre l’étude ;
Tes pensers de la veille et tes travaux du jour.
Seul, poursuivant tout bas tes chimères d’amour,
Tu gagnais lentement la maison solitaire
Où ta Déidamia veillait près de sa mère.
Frank, tu venais t’asseoir au paisible foyer,
Raconter tes chagrins, sinon les oublier.