ACTE PREMIER
Scène PREMIÈRE
Pâle comme l’amour, et de pleurs arrosée,
La nuit aux pieds d’argent descend dans la rosée.
Le brouillard monte au ciel, et le soleil s’enfuit.
Éveillons le plaisir, son aurore est la nuit !
Diane a protégé notre course lointaine.
Chargés d’un lourd butin, nous marchons avec peine ;
Amis, reposons-nous ; — déjà, le verre en main,
Nos frères sous ce toit commencent leur festin.
Moi, je n’ai rien tué ; — la ronce et la bruyère
Ont déchiré mes mains ; — mon chien, sur la poussière,
A léché dans mon sang la trace de mes pas.
Ami, les jours entre eux ne se ressemblent pas.
Approche, et viens grossir notre joyeuse troupe.
L’amitié, camarade, est semblable à la coupe
Qui passe, au coin du feu, de la main à la main.
L’un y boit son bonheur, et l’autre sa misère ;
Le ciel a mis l’oubli pour tous au fond du verre ;
Je suis heureux ce soir, tu le seras demain.