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Et de sa plume d’or ouvre le cœur humain.
C’est pour vous qu’il y fouille, afin de vous redire
Ce qu’il aura senti, ce qu’il aura trouvé,
Surtout, en le trouvant, ce qu’il aura rêvé.
L’action n’est pour lui qu’un moule à sa pensée.
Hamlet tuera Clodius, — Joad tuera Mathan. —
Qu’importe le combat, si l’éclair de l’épée
Peut nous servir dans l’ombre à voir les combattants ?
Le premier sous les yeux vous étale un squelette.
Songez, si vous voulez, de quels muscles d’athlète,
De quelle chair superbe, et de quels vêtements
Pourraient être couverts de si beaux ossements.
Le second vous déploie une robe éclatante,
Des muscles invaincus, une chair palpitante,
Et vous laisse à penser quels sublimes ressorts
Impriment l’existence à de pareils dehors.
Celui-là voit l’effet, — et celui-ci la cause.
Sur cette double loi le monde entier repose.
Dieu seul (qui se connaît) peut tout voir à la fois.


Quant à moi, Petit-Jean, quand je vois, — quand je vois, —
Je vous préviens, mon cher, que ce n’est pas grand’chose ;
Car, pour y voir longtemps, j’aime trop à voir clair :
Man delights not me, sir, nor woman neither.
Mais s’il m’était permis de choisir une route,
Je prendrais la dernière, — et m’y noierais sans doute.
Je suis passablement en humeur de rêver,
Et je m’arrête ici, pour ne pas le prouver.


Je ne sais trop à quoi tend tout ce bavardage.
Je voulais mettre un mot sur la première page :