Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je l’épouserais bien sans prêtre,
Quitte à sauter par la fenêtre
Quand sa mère s’éveillera.

Sommes-nous donc de vieilles femmes
Qui toujours tremblent pour leurs os
Et, de peur du diable et des flammes,
Attendent que leurs vieilles âmes
Sortent par dégoût de leurs peaux ?

Moi, sur la planche de ma bière,
Je souperais avec Lilla.
Par la fressure du saint-père !
Un homme peut casser son verre
Quand il a bu de ce vin-là.


Le ciel a-t-il fait faire un pacte à la nature
Avec l’homme, ou rit-il comme un malin esprit
Quand il voit un tombeau qui s’entr’ouvre et sourit ?
Jamais vent de minuit, dans l’éternel silence,
N’emporta si gaiement du pied d’un balcon d’or
Les soupirs de l’amour à la beauté qui dort
Que lorsque les abbés, fredonnant leur romance,
Sur la bruyère sèche, en se tenant le bras,
Vers leur œuvre sans nom marchèrent à grand pas.

Le lendemain, dans Rome il courut la nouvelle
Qu’une main inconnue avait tué Suzon,
Et qu’on avait trouvé sur le pied d’une échelle
Fortunio qui dormait au seuil de la maison.

Depuis ce jour un fou qui blasphème et mendie
Vient s’asseoir quelquefois, à l’heure du sommeil,
Sur les lazzaronis étendus au soleil :
Il leur parle tout bas, les frotte et parodie