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SUZON




Heureux celui dont le cœur ne demande qu’un cœur, et qui ne désire ni parc à l'anglaise, ni operia seria, ni musique de Mozart, ni tableaux de Raphaël, ni éclipse de lune, ni même un clair de lune, ni scènes de roman, ni leur accomplissement.
JEAN-PAUL


Ce que j’écris est bon pour les buveurs de bière
Qui jettent la bouteille après le premier verre :
C’est l’histoire d’un fou mort pour avoir aimé
À casser une pipe après avoir fumé.

Deux muscadins d’abbés qui soupaient chez le pape,
Etant venus un jour à bout de se griser,
Lorsque pour le dessert on eut tiré la nappe,
Dans un coin des jardins se mirent à causer.
L’un d’eux, nommé Cassius, frappant sur sa calotte,
Dit qu’en fait de maîtresse il était mal tombé,
Ayant pour tout potage une belle idiote,
Qui s’appelait, je crois, la marquise de B.
"Voilà huit jours, dit-il, que je ne sais qu’en faire,
Et c’est une bégueule à vous porter en terre.
— La faute en est à toi, répondit le second,
Si tu n’en tires rien. « L’autre dit : » Parbleu non !
Je n’ai pas le talent de réchauffer les marbres." —