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Masques, qui ne laissez entrevoir d’une femme
Que deux trous sous le front, qui lui vont jusqu’à l’âme !
Ô capuchons discrets ! — Ô manteaux de satin,
Que presse sur la taille une amoureuse main !
Amour, mystérieux amour, douce misère !
Et toi, lampe d’argent, pâle et fraîche lumière
Qui fait les douces nuits plus blanches que le lait !
— Soutenez mon haleine en ce divin couplet !


L


Je veux chanter ce jour d’éternelle mémoire
Où, son dîner fini, devant qu’il fît nuit noire,
Notre héros, le nez caché sous son manteau,
Monta dans sa voiture une heure au moins trop tôt !
Oh ! qu’il était joyeux, et, quoi qu’on n’y vît goutte,
Que de fois il compta les bornes de la route !
Lorsque enfin le tardif marchepied s’abaissa,
Comme, le cœur battant, d’abord il s’élança !
Tout le quartier dormait profondément, en sorte
Qu’il leva lentement le marteau de la porte.


LI


Êtes-vous quelquefois sorti par un temps doux,
Le soir, seul, en automne, — ayant un rendez-vous ?
Il est de trop bonne heure, et l’on ne sait que faire
Pour tuer, comme on dit, le temps, ou s’en distraire.
On s’arrête, on revient. — De guerre lasse, enfin,
On entre. — On va poser son front sur un coussin. —