Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quittons ce sujet-ci, dit Mardoche, je vois
Que vous avez le crâne autrement fait que moi.
Je vous racontais donc comme quoi ma maîtresse
Était gardée à vue : on la promène en laisse.


XXXI


— Et l’on a, dit le prêtre, éminemment raison.
Ah ! qu’elle pense donc à garder sa maison,
À vouer au Seigneur un cœur exempt de feinte,
À donner à ses fils un lait pur et la crainte
Du ciel. — Mon révérend, dit l’autre, les oiseaux
Qui sont les plus charmants sont ceux qui chantent faux.
Ne vous paraît-il pas simple et tout ordinaire
Qu’un rossignol soit laid, honteux, lorsqu’au contraire
Le paon, ce mal-appris, porte un manteau doré,
Comme un diacre à Noël à côté du curé ?


XXXII


Ne vous étonnez donc aucunement, bon père,
Que le plus bel oiseau que nous ayons sur terre,
La femme, chante faux, et sur ce, laissez-moi
Vous finir mon récit, je vous dirai pourquoi.
Hier donc, je revenais, ayant failli me rompre
Les… — Et, dit le vieillard, qui donc l’a pu corrompre
Ainsi, fils d’un tel père, et jeune comme il est !
N’est-ce pas monstrueux ? — J’ai, dit Mardoche, fait
Mes classes de bonne heure, et puis, dans les familles,
Voyez-vous, j’ai toujours trouvé quatre ou cinq filles