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De ta robe de noce on fit un parapluie ;
Ton boudoir, ô Vénus, devint une écurie.
Quatre grands lévriers chassèrent du tapis
Ton chat qui, de tout temps sur ton coussin tapi,
S’était frotté, le soir l’oreille à ta pantoufle,
Et qui, maigre aujourd’hui, la queue au vent, s’essouffle
À courir sur les toits des repas incertains.
— Admirable matière à mettre en vers latins !


VIII


Je ne vous dirai pas non plus à quelle dame
Mardoche, ayant d’abord laissé prendre son âme,
Dut ces douces leçons, premier enseignement
Que l’amie, à regret, donne à son jeune amant.
Je ne vous dirai pas comment, à quelle fête
Il la vit, qui des deux voulut le tête-à-tête,
Qui des deux, du plus loin, hasarda le premier
L’œillade italienne, et qui, de l’écolier
Ou du maître, trembla le plus. — Hélas ! qu’en sais-je
Que vous ne sachiez mieux, et que vous apprendrais-je ?


IX


Il se peut qu’on oublie un rendez-vous donné,
Une chance, — un remords, — et l’heure où l’on est né,
Et l’argent qu’on emprunte. — Il se peut qu’on oublie
Sa femme, ses amis, son chien, et sa patrie. —
Il se peut qu’un vieillard perde jusqu’à son nom.
Mais jamais l’insensé, jamais le moribond,