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(Car la liberté fut jadis
Un des trésors de l’Italie,
Comme la musique et l’amour).
Le bon Pascal voulut un jour
En ce lieu mener son amie,
Non pour lire ni pour rêver,
Mais voir s’ils n’y pourraient trouver
Quelque banc au coin d’une allée,
Où se dire, sans trop de mots,
De ces secrets que les oiseaux
Se racontent sous la feuillée.
Sitôt formé, sitôt conclu,
Ce projet n’avait point déplu
À la brunette filandière,
Et, le dimanche étant venu,
Après avoir dit à son père
Qu’elle avait dessein d’aller faire
Ses dévotions à Saint-Gal,
Au lieu marqué, brave et légère,
Elle courut trouver Pascal.
Avant de se mettre en campagne,
Il faut savoir qu’elle avait pris,
Selon l’usage du pays,
Une voisine pour compagne.
Ce n’est pas là comme à Paris ;
L’amour ne va pas sans amis.
Bien est-il que cette voisine
Causa plus de mal que de bien.
Belle ou laide, je n’en sais rien,
Boccace la nomme Lagine.
Le jeune homme, de son côté,
Vint pareillement escorté
D’un voisin surnommé le Strambe,