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la prêtresse infidèle mourait à l’heure où Phœbé paraissait à l’horizon. Ce morceau, qui n’avait pas moins de cent vers, fut achevé en deux jours ou plutôt en deux promenades. Hormis une chanson qu’Alfred de Musset fit, à l’âge de quatorze ans, pour la fête de sa mère, ces vers sont bien les premiers qu’il ait écrits.

L’historique de son second essai se rattache à l’invasion du romantisme et à la grande guerre civile des lettres françaises. Les classiques étaient encore en possession du théâtre, où ils se défendaient comme dans une redoute. Mais le Henri III d’Alexandre Dumas était déjà écrit, la Marion de Lorme sur le chantier, le Cromwell publié, et la fameuse préface de cet ouvrage, dans laquelle l’auteur venait de créer un nouvel art poétique, faisait fermenter bien des jeunes têtes. Avant même d’avoir achevé ses études, Alfred de Musset avait été introduit, par son condisciple et ami Paul Foucher, dans la maison de M. Victor Hugo. Il y voyait MM. Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, Sainte-Beuve, Émile et Antony Deschamps, Louis Boulanger, etc. Tous avaient déjà donné des preuves de leur talent ; tous avaient de la réputation. Le temps se passait en lectures et en conversations littéraires dans lesquelles tout le monde paraissait être du même avis, bien qu’au fond il n’en fût pas toujours ainsi. Alfred n’eut garde de résister à l’enthousiasme contagieux qu’on respirait dans l’air du Cénacle. Devenu bientôt un des néophytes de l’église nouvelle, il fut