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lettres. La première, datée de Clermont-Ferrand, contient quelques détails sur les montagnes de l’Auvergne ; l’autre est la relation d’une excursion rapide en Suisse, écrite avec la naïveté d’un tout jeune homme. Mais je trouve dans cette liasse de papiers une troisième lettre bien plus originale, inspirée par une boutade de gaieté amicale et familière. Celle-ci me paraît digne d’être publiée. Elle porte la date du 14 septembre 1826.


« Mon cher ami, si j’ai tardé si longtemps à vous écrire, c’est que je n’avais vraiment rien à vous dire. Une étude de neuf heures, entrecoupée par des promenades à cheval, de temps en temps des parties de famille à ânes, à Montmorency ou à la foire des Loges, tout cela n’offre pas beaucoup de matière à une lettre. Mais aujourd’hui que j’ai fait un exploit magnifique, il faut que je vous en fasse part.

« Nous sommes allés à la foire de Saint-Cloud, et, après nous être fait peser, avoir parcouru les boutiques à vingt-cinq sous, acheté tout ce qui flatte l’œil, mangé force gaufres, nous sommes entrés dans le cirque équestre de M. le chevalier Joanny. L’assemblée se composait d’environ cent personnes. M. le chevalier Joanny, homme de cinq pieds huit pouces, paraît dans un ancien habit de garde du corps fait pour un homme de cinq pieds, ce qui lui place la taille au milieu du dos. Il avait là-dessous un gilet