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escaliers dérobés dans un mur épais, ou de percer dans un panneau de boiserie une porte secrète qui s’ouvre, sinon en prononçant des paroles magiques, du moins en poussant un ressort. »

Je répondis que je croyais fermement aux escaliers dérobés et aux portes secrètes.

« Eh bien ! à quoi donc pensons-nous ? s’écria-t-il. Nous habitons cette maison depuis plusieurs années et nous ne savons pas même si elle ne renferme pas quelque passage mystérieux, quelque moyen de circuler d’un étage à l’autre par l’intérieur des murs. »

Un examen approfondi nous donna la triste certitude que la maison ne contenait aucune issue mystérieuse. En voyant le désappointement de mon frère, je voulus tenter de lui rendre un moment d’illusion. La maison de la baronne Gobert ne se composait que de deux étages et un rez-de-chaussée[1]. Nous occupions le second ; mais nous avions encore sous les combles une grande cuisine, plus deux chambres de domestiques dont les fenêtres s’ouvraient sur une gouttière. Au risque de me casser le cou, je passai par cette gouttière d’une chambre dans l’autre. La servante, pour suspendre sa montre, avait planté dans la boiserie un crochet à vis en cuivre doré. Je décidai que ce crochet devait être la clef d’un panneau tournant, et j’annonçai pompeusement à mon frère qu’il

  1. Rue Cassette, n° 27. La maison a été récemment augmentée d’un étage.