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fille sans la connaître, et il ne veut pas débuter, comme un notaire, par une question de chiffres. Chenavard trouve incontinent le prétexte souhaité. « Vous irez, dit-il, proposer à M. Mélesville votre collaboration pour une pièce de théâtre. Imaginer un plan de comédie n’est pas une difficulté pour vous. Armé de votre plan, vous vous présentez ; vous travaillez avec le père, vous causez avec la jeune fille. Quand vous avez eu le temps de remarquer ses grâces et son esprit, vous me lancez en ambassadeur ; j’arrive porteur de la demande ; on m’accueille favorablement, et vous faites un vrai mariage d’opéra-comique. »

Alfred, enchanté de ce projet, l’adopte sur-le-champ. Le sujet de pièce qui se présente à son esprit est le conte arabe du généreux Noureddin ; il en veut faire un opéra-comique. Mademoiselle Mélesville s’appelle Laure ; elle a un album de dessins ; Chenavard, rêvant de son côté au projet de mariage, se propose d’offrir un dessin au crayon à la jeune fille. Il puise son sujet dans les sonnets de Pétrarque, et représente la première rencontre entre le poète et Laure de Noves, en donnant aux deux figures de Pétrarque et de Laure quelque ressemblance avec les traits d’Alfred de Musset et de mademoiselle Mélesville. Son croquis terminé, il engage le prétendant à y mettre une traduction en français des quatre vers qui lui ont inspiré son sujet. Alfred écrit au bas du dessin le