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des anciennes cours, et il s’amusa quelquefois à en porter le costume dans les bals masqués. Son visage faisait impression par la réunion des deux beautés : la régularité des traits et la vivacité de la physionomie. Ses yeux bleus étaient pleins de feu. Son nez fin et légèrement aquilin rappelait celui du portrait de Van Dyck ; — cette ressemblance lui a été souvent signalée par ses amis. — Sa bouche un peu grande, ses lèvres un peu charnues, — moins pourtant que celles de La Fontaine, — se prêtaient avec une mobilité extrême à l’expression de ses sentiments, et trahissaient la sensibilité de son cœur. Dans les mouvements doux de l’âme, comme la pitié ou la tendresse, un frémissement imperceptible les agitait. On devinait que cette bouche devait être éloquente dans la passion, aisément ironique et rieuse dans la conversation. Mais le plus beau trait de son visage était le front dont les ombres accusaient toutes les protubérances désignées par la phrénologie comme le siège des facultés les plus précieuses. Que cette science soit vraie ou chimérique, il est certain qu’elle attribuait à l’auteur des Nuits, pour qui elle n’a pas été inventée exprès, le sens poétique, la réflexion, la perspicacité, la verve de l’esprit et l’instinct de tous les arts.

Il n’existe que deux portraits d’Alfred de Musset, qui donnent de lui une idée juste : le médaillon de David d’Angers et le pastel de Charles Landelle. Si