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verti mon frère qu’il s’était amusé à le mettre en vers. Hetzel en récita quelques passages à Charles Nodier, qui demanda le tout ; nous le lui envoyâmes. Près d’un an s’était écoulé, lorsque le bon Nodier, dans un accès de gaieté, adressa des vers à l’auteur de cette odyssée burlesque, dans le rythme où elle était écrite. Alfred répondit, toujours dans le même rythme. Ce badinage l’occupait encore au moment où le conseil de discipline, usant de sévérité contre le garde national peu zélé, lui infligea plusieurs jours de prison. Le condamné obtint par faveur la chambre portant le n° 11 (ou le n° 14), dont les artistes aussi peu zélés que lui avaient couvert les murailles de peintures et de dessins. Ce cachot parut fort agréable au prisonnier. Pour y laisser un souvenir de son passage, il y inscrivit quelques vers au-dessous d’une figure de femme qui lui plaisait[1], et, quand il fut sorti de prison, toujours poursuivi par le rythme de l’odyssée champêtre, il composa les Mie prigioni, que la Revue publia le 1er octobre 1843. La livraison qui contenait ces vers tomba dans les mains de M. le comte Molé, qui, sans doute engagé par l’originalité du titre et par la brièveté du morceau, le lut jusqu’au bout. Ces petits vers lui plurent extrêmement. Il chargea une personne tierce d’en faire compliment à l’auteur, en ajoutant ces mots : « Dites-lui bien

  1. Ils sont dans le volume des Œuvres posthumes.