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d’autre historique à faire du sonnet qui porte pour titre ce mot Jamais ! Les autres circonstances de la conversation se trouvent dans le sonnet même. La réponse de la jeune femme était sincère, et sa résolution bien arrêtée, car elle a tenu parole.

Sous le pseudonyme de P.-J. Stahl, Jules Hetzel, écrivain et éditeur, venait de composer un conte fantastique illustré d’un grand nombre de gravures par Tony Johannot. Pour assurer le succès de cet ouvrage de luxe, Hetzel suppliait mon frère d’y ajouter quelques vers et de joindre son nom à celui de l’auteur de la prose. Alfred s’y refusa d’abord obstinément ; mais, parmi les dessins de Johannot, qu’il regardait avec plaisir, il remarqua une gracieuse figure de jeune fille assise au piano et chantant. Le morceau de musique qui devait être intercalé dans le texte était un lied de Mozart, encore inédit en France, et sur ce refrain Vergiss mein nicht. Alfred le mit sur le piano de sa sœur, et, quand elle l’eut chanté, il le trouva si beau que l’envie lui vint de traduire les paroles. Bien que ce fût un travail très difficile que d’adapter des paroles à une musique donnée, il l’exécuta séance tenante. C’était une sorte d’engagement pris. Les images de Johannot lui inspirèrent encore un sonnet. L’éditeur n’en demandait pas davantage. Marie et le lied en trois couplets, Rappelle-toi, furent insérés dans le Voyage où il vous plaira ; P.-J. Stahl écrivit tout le reste. Ce que Alfred