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cousin, l’inspecteur des forêts, avait quitté les bois de Joinville pour ceux d’Ivry, et, comme il espérait que ce changement de résidence serait le dernier, il avait acheté, près de Pacy-sur-Eure, le petit château de Lorey, qui avait appartenu à la célèbre Taglioni. On s’amusait dans la vallée de l’Eure ; on y jouait la comédie, on y dansait, — non seulement à Lorey, mais aussi à Breuil-Pont, chez le comte Louis de Talleyrand, et au Mesnil, chez les dames Rœderer. — Alfred se rendit aux invitations réitérées de son cousin. Le 14 juillet, au milieu d’une partie de plaisir où la compagnie était nombreuse, il s’aperçut que les personnes légitimistes de la réunion se parlaient à voix basse. Quelqu’un venait de recevoir une nouvelle étrange ; on n’osait encore se la dire qu’à l’oreille. Le maître de la maison changea de visage, et poussa un cri de surprise et de douleur, en apprenant cette nouvelle : le duc d’Orléans était mort. Alfred revint le jour même à Paris, non pour mêler ses inutiles condoléances à tant d’autres plus ou moins sincères, mais pour assister à la cérémonie funèbre, et pour s’enfermer ensuite et se plonger librement dans ses regrets et son chagrin. La catastrophe du 13 juillet 1842 lui portait un coup profond. La mort de ce prince, qui l’avait honoré du titre d’ami, abattit tout à fait son courage. Bien des illusions s’étaient déjà envolées en peu de temps ; cette fois, c’était sa dernière espérance qui l’aban-