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La sœur de la Malibran chantait à sa manière et selon son sentiment. Il existait déjà, au Théâtre-Italien, des procédés sûrs pour se faire applaudir, par certains hoquets, certains cris, certains points d’orgue toujours les mêmes, qui ne manquaient jamais de réussir. C’était une routine aussi commode pour les artistes que pour les habitués de ce théâtre, puisqu’elle dispensait l’auditoire de se connaître en musique. Pauline Garcia ne voulut pas de ces recettes vulgaires ; elle suivit une direction opposée à celle de la mode, et dédaigna les vieux effets qu’on attendait à certains endroits de ses rôles. Elle eut, en revanche, des traits de génie qui passèrent inaperçus. En un mot, elle était originale ; il fallait la comprendre, et on ne la comprit pas. Après avoir chanté Desdemona, Rosine, Tancrède et Cendrillon, avec un succès décroissant, elle jugea l’épreuve suffisante, et s’en alla en pays étranger, au grand regret du poète qui avait chanté ses débuts et salué l’ère nouvelle, déjà éteinte au bout de deux ans.

Une personne à laquelle Alfred de Musset s’était beaucoup attaché pendant sa maladie, venait de s’éloigner pour longtemps. La princesse Belgiojoso, dont le salon était un des plus agréables de Paris, passait l’hiver en Italie. Elle y faisait un noble emploi de sa grande fortune, en fondant, à quelques lieues de Milan, un établissement considérable de charité. Comme la sœur Marcelline, elle avait tenu au poète