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de la jeune cantatrice ? Lequel, dans tout ce monde, a manqué à ses devoirs ou méconnu ses véritables intérêts ? Quoi qu’il en soit, Pauline Garcia partit pour la Russie ; peu s’en fallut qu’on ne l’oubliât tout à fait ; et, pendant plus de quinze ans de suite, on vit d’autres Desdemones se jeter à terre méthodiquement ; et le Théâtre-Italien descendit par degrés… au point où il en est aujourd’hui. Ce fut au bout de vingt ans de cris, de fadaises, de mauvais goût, de décadence radicale et complète qu’un beau soir l’art pur, le chant simple et la musique dramatique se réveillèrent à l’extrémité de Paris, au Théâtre-Lyrique. La sœur de la Malibran avait reparu dans l’Orphée de Gluck.

Tandis que les admirateurs de mademoiselle Garcia lisaient l’article sur l’Otello, Alfred écrivait avec sa facilité habituelle son joli conte en vers de Silvia. Au moment où il avait publié l’Idylle, la marraine avait fait savoir à son filleul ce qu’elle pensait de ce morceau. Sa lettre finissait par un reproche amical touchant le long silence que la muse avait gardé : « Paresse, disait-elle, est manque de courage. » Le filleul répondait gaiement et victorieusement à ce reproche, et les vers à la marraine allaient aussi à l’adresse du public.

Je ne savais encore rien de tout cela, lorsque, dans la livraison du 15 décembre, je trouvai, sur une feuille volante en papier bleu, la liste des travaux