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temps de 1839, sont probablement encore enfermés parmi des chiffons de femme, d’où ils sortiront un jour, s’il plaît à Dieu.

Alfred continuait à observer avec sollicitude les progrès des deux nobles enfants, — c’est ainsi qu’il appelait Rachel et Pauline Garcia. Le 26 mars, par une lettre circulaire, la marraine invita tous ses amis à se rendre au théâtre du Gymnase dramatique où mademoiselle Garcia devait chanter avec madame Damoreau dans une représentation au bénéfice de madame Volnys. Peu de jours après, mademoiselle Garcia partait pour l’Angleterre. Les journaux de Londres nous apprirent bientôt qu’elle y avait débuté dans le rôle de Desdemona. Une lettre adressée à la marraine, et qui nous fut communiquée, contenait le passage suivant : « Le public m’a redemandé l’air du second acte : Che smania ! Mais je n’ai pas voulu interrompre l’action dramatique, et j’ai continué tout droit. Je me suis contentée de reparaître après la chute du rideau. Au troisième acte, on voulut absolument me faire redire la romance du Saule et la prière. Cela n’était pas possible, car il aurait fallu faire venir un vitrier chez Othello, pour raccommoder le carreau de vitre brisé, afin qu’il pût se rebriser de nouveau. Aussi, malgré les bis et le tapage, je n’ai pas voulu m’arrêter. » Alfred ne pouvait se lasser d’admirer le courage et la conscience de cette jeune fille sans expérience, plus préoccupée de la bonne