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gédie ; mais il ne laissait pas plus d’espérance aux classiques de voir disparaître à jamais le genre qui se passe des unités. Il faisait ensuite un historique rapide de la tragédie antique et de celle du XVIIe siècle, en démontrant que toutes deux avaient répondu au goût des spectateurs d’Athènes et de Versailles. Aujourd’hui, les conditions du théâtre étant différentes, l’auteur exprimait le vœu de voir paraître un troisième genre d’ouvrages dramatiques plus en rapport avec nos mœurs, et participant à la fois du drame moderne et de la tragédie antique. En peu de mots, il traçait toute une poétique nouvelle, et il terminait en ajoutant :


« Telles sont les questions que j’oserais adresser aux écrivains qui sont en possession d’une juste faveur parmi nous, si le talent de la jeune artiste qui remet en honneur l’ancien répertoire les engageait, comme il est probable, à écrire un rôle pour elle[1]. »


Cette poétique nouvelle, qui aurait pu réveiller la muse antique sans lui sacrifier les conquêtes de l’art moderne, personne n’en a profité. L’auteur de l’article était seul capable de la mettre en pratique. Cependant on se tromperait si l’on croyait qu’il songeait à se faire dire : « Écrivez vous-même une tragédie pour mademoiselle Rachel. » Depuis la pitoyable al-

  1. De la tragédie à propos des débuts de mademoiselle Rachel (Revue des Deux-Mondes, 1er novembre 1838).