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duc d’Orléans. Un exprès du château apporta au poète un porte-crayon orné d’un diamant. On a dit, dans les notices plus ou moins inexactes qui ont paru depuis la mort d’Alfred de Musset, que la place de bibliothécaire du ministère de l’intérieur lui avait été donnée en rémunération de ses vers sur la naissance du comte de Paris. Ce n’est pas tout à fait ainsi que les choses se sont passées. La vérité est que la place se trouvait vacante, et que le ministre la proposait à M. Buloz. Le directeur de la Revue des Deux-Mondes ne crut pas devoir l’accepter ; il présenta pour bibliothécaire un de ses collaborateurs, en assurant que ce serait une faveur bien placée ; puis il prononça le nom de son candidat.

Il va sans dire que le ministre n’avait jamais lu ni un vers ni une ligne de l’écrivain recommandé. La seule chose qu’il connût par ouï-dire était la Ballade à la lune, et il dit à M. Buloz ces propres paroles : « J’ai entendu parler d’un certain point sur un i qui me paraît un peu hasardé, et je craindrais de me compromettre. »

Alfred de Musset, averti de la démarche obligeante de M. Buloz, sollicita l’appui du duc d’Orléans. Le prince consentit à intercéder auprès du ministre, qui avait déjà en vue une autre personne. Il fallut encore six semaines de pourparlers. M. Edmond Blanc s’en mêla un peu ; enfin la nomination fut signée le 19 octobre seulement, et la bibliothèque du