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véritable poète, il n’y a rien de perdu ni rien d’inutile. Les caractères de cette petite pièce étaient d’un comique si parfait, et le dénouement improvisé avec tant de bonheur, que, le jour où l’auteur voulut la mettre en scène, on ne trouva que bien peu de changements à y faire.

Cette comédie paraissait dans la Revue le 1er juillet 1836, et aussitôt après, la balle élastique reprenait son vol. Au retour à la maison, même plaisir à revoir le cabinet de travail, même désir de s’y enfermer, mêmes agaceries de la muse, qui feignait d’être fâchée, car la conscience du poète n’avait rien de sérieux à lui reprocher. Il s’agissait pourtant d’autre chose que des gais propos de l’oncle Van Buck.

La Nuit d’août fut réellement pour l’auteur une nuit de délices. Il avait orné sa chambre et ouvert les fenêtres. La lumière des bougies se jouait parmi les fleurs qui emplissaient quatre grands vases disposés symétriquement. La muse arriva comme une jeune mariée. Il n’y avait ni amusement ni fête qui pût soutenir la comparaison avec ces belles heures d’un travail charmant et facile ; et comme, cette fois, les pensées du poète étaient sereines, son cœur guéri, son esprit ferme et son imagination pleine de sève, il goûta un bonheur que le vulgaire ne soupçonne pas. Pour se faire une idée de cette ivresse poétique, il ne faut songer ni à ce qu’on raconte des effets de l’opium, du haschich, et des autres poisons