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dire que le bonhomme Carmontelle, dont il savait plusieurs proverbes par cœur, prenait un plaisir extrême à les lui entendre réciter, et que l’auteur y trouvait quantité de nuances et de traits spirituels auxquels il n’avait pas songé.

Le sens poétique de notre grand-père ne s’est manifesté que par caprice ; mais ce qui distinguait surtout M. Desherbiers, c’était une gaieté gauloise, une manière pittoresque de dire toutes choses qui donnait un grand charme à sa conversation. Ce tour d’esprit original se retrouve dans les comédies de son petit-fils, notamment dans les rôles de Fantasio, de Valentin et de l’Octave des Caprices de Marianne.

Au même degré de la ligne maternelle, Alfred de Musset puisa des qualités non moins précieuses. M. Desherbiers avait épousé Marie-Anne Daret, personne d’un rare mérite, d’un jugement solide, et femme de bon conseil, comme il se plaisait à le dire. Habituellement sérieuse et d’une humeur égale, cette grand’mère était passionnée, au fond, affectueuse, tendre et d’une éloquence entraînante dans ses moments d’émotion. Sa haute taille,