Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Afin de surmonter cette mélancolie qu’il se vantait d’aimer, et qui en réalité l’accablait, Alfred de Musset partit pour Bade au mois de septembre. Ce voyage lui fit grand bien ; il en revint en parfait état de corps et d’esprit. Il écrivait le gracieux épisode de Sentimental Journey, qu’il intitula une bonne Fortune, lorsqu’un incident fâcheux détruisit l’heureux effet de ce voyage et le fruit de six mois de réflexions et d’efforts. Le retour d’une personne qu’il ne voulait pas revoir et qu’il revit bien malgré lui, le plongea de nouveau dans une vie si remplie de scènes violentes et de débats pénibles que le pauvre garçon eut une rechute, à croire qu’il ne s’en relèverait plus. Cependant il puisa dans son mal même les moyens de se guérir. À défaut de la raison, le soupçon et l’incrédulité le sauvèrent. Il s’ennuya des récriminations et de l’emphase, et prit la résolution de se dérober à ce régime malsain. Une rupture définitive eut lieu pendant l’hiver de 1835, à la suite d’une légère querelle. Cette fois, au lieu d’écouter son chagrin et de s’y abandonner, le malade consentit à s’en distraire. Le monde le regrettait ; ses amis le sollicitaient de prendre part à leurs amusements ; il ne leur résista plus.

Autre chose est une partie de plaisir où le vin ne produit que du bruit et des propos grossiers en rendant les sots plus bavards, ou bien un souper de gens d’esprit que la bonne chère anime, et qui récitent des vers, font d’excellente musique, improvisent des