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Mondes lui témoignait beaucoup d’amitié. — Naturellement obligeant, il n’aimait pas à refuser, et comme le directeur avait besoin pour son recueil de morceaux d’imagination, Alfred essaya de se remettre au travail. Depuis longtemps il avait tracé en quelques lignes le plan d’une comédie, sous le titre provisoire de Camille et Perdican. Il en avait même écrit l’introduction en vers ; mais, pour rien au monde, il n’aurait forcé sa muse à descendre par des exorcismes ; c’est pourquoi il remit ses vers en prose.

La pièce, qui fut appelée On ne badine pas avec l’amour, porte en quelques passages des traces de l’état moral où était l’auteur. Le caractère étrange de Camille, certains mots d’une tendresse mélancolique dans le rôle de Perdican, la lutte d’orgueil entre ces deux personnages font reconnaître l’influence des souvenirs douloureux contre lesquels le poète se débattait ; mais il règne d’un bout à l’autre de cet ouvrage une passion et une chaleur de cœur devant lesquelles pâlit le Dépit amoureux de Molière, dont le sujet offre quelque analogie avec la guerre amoureuse de Camille et de Perdican.

Avant de partir pour l’Italie, Alfred de Musset avait envoyé à M. Buloz le manuscrit de Fantasio. On avait publié cette comédie pendant son absence. Ceux qui ont eu le bonheur de connaître l’auteur dans ses accès de jeunesse et de folle gaieté, savent avec quelle fidélité de pinceau il s’est représenté lui-même sous la