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s’intéressent aux lois mystérieuses de la transmission héréditaire. La nature ne réussit à produire un homme de génie que par un concours extraordinaire de circonstances. Les savants ont constaté qu’une seule personne intelligente suffisait pour retarder de trois générations la marche de l’idiotisme dans une famille d’imbéciles ; selon toute apparence il ne faut non plus que l’introduction d’une femme bornée, dans une famille de gens d’esprit, pour y abaisser les facultés intellectuelles de trois générations. Ce sont des observations dont on ne tient pas assez de compte en se mariant. Le grand-père maternel d’Alfred de Musset racontait qu’il s’était dit, à la troisième rencontre avec la personne qu’il a épousée : « Voici la femme qu’il me faut », et qu’un mois avant son mariage, il ne savait encore ni quelle dot elle recevrait ni quelle fortune avaient ses parents ; mais ce grand-père était un original, un caractère d’une simplicité antique, un esprit charmant et, de plus, un poète.

Claude-Antoine Guyot-Desherbiers, d’une ancienne famille de Champagne, vint à Paris étudier le droit sous le règne de Louis XV. Il