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poètes qui ne lui ressemblaient guère. L’auteur, cependant, s’en était bien défendu dans la dédicace même du livre critiqué. Cette dédicace contenait un certain passage où les doctrines romantiques et la manie des rimes riches étaient vivement attaquées. Rien n’y fit : l’auteur se vit jeter à la tête les noms de lord Byron, de Victor Hugo, de La Fontaine, de Mathurin Régnier. En bonne justice, celui qui aurait su imiter avec succès tant de maîtres à la fois et si différents entre eux, eût été bien près d’être original. Il est certain que trois ans de relations intimes avec un esprit aussi fortement trempé que celui de M. Victor Hugo avaient dû exercer quelque influence sur un jeune débutant ; mais on n’en trouvait déjà plus de trace dans le volume que les critiques avaient sous les yeux.

Quant à lord Byron, tout le monde l’a imité, si l’on entend par là que tous les poètes contemporains l’ont entendu avec émotion, et que ses chants ont éveillé des échos dans leur âme. Si Alfred de Musset lui a mieux répondu que les autres, c’est qu’il existait entre lui et le poète anglais une communauté plus grande de sentiments et d’expérience de la vie. Il y a, en effet, certains côtés par où ces deux belles organisations se ressemblent beaucoup. Ils sacrifient souvent aux mêmes dieux, et donnent, « pour encens, la douleur, l’amour et l’harmonie, et toujours pour victime, leur cœur ». Tous deux ont aimé à se