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leur faire ni sermon ni reproches. Je veux m’approcher de ce lit, leur prendre la main, et leur dire…

En ce moment, les deux amis passaient devant le café Tortoni. La silhouette de deux jeunes femmes, qui prenaient des glaces près d’une fenêtre, se dessinait à la clarté des lustres. L’une d’elles agita son mouchoir, et l’autre partit d’un éclat de rire.

— Parbleu ! dit Marcel, si tu veux leur parler, nous n’avons que faire d’aller si loin, car les voilà, Dieu me pardonne ! Je reconnais Mimi à sa robe, et Rougette à son panache blanc, toujours sur le chemin de la friandise. Il paraît que monsieur le baron a bien fait les choses.

— Et une pareille folie, dit Eugène, ne t’épouvante pas ?

— Si fait, dit Marcel ; mais, je t’en prie, quand tu diras du mal des grisettes, fais une exception pour la petite Pinson. Elle nous a conté une histoire à souper, elle a engagé sa robe pour quatre francs, elle s’est fait un châle avec un rideau ; et qui dit ce qu’il sait, qui donne ce qu’il a, qui fait ce qu’il peut, n’est pas obligé à davantage.

FIN DE MIMI PINSON.

Ce profil de grisette, comme l’appelle l’auteur, a été composé pour le Diable à Paris, ouvrage publié par livraisons et orné de dessins par Gavarni.

Ce conte est entièrement de pure invention.