Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comment s’arrange-t-elle ? Elle a donc trompé ses amis ? elle possède donc un vêtement inconnu ? Peut-être se trouve-t-elle malade d’avoir trop mangé de galette, et, en effet, si elle est au lit, elle n’a que faire de s’habiller. N’importe, père Cadédis, cette robe me fait peine, avec ses manches pendantes qui ont l’air de demander grâce ; tenez, retranchez-moi quatre francs sur les trente-cinq livres que vous venez de m’avancer, et mettez-moi cette robe dans une serviette, que je la rapporte à cette enfant. Eh bien ! Eugène, continua-t-il, que dit à cela ta charité chrétienne ?

— Que tu as raison, répondit Eugène, de parler et d’agir comme tu fais, mais que je n’ai peut-être pas tort ; j’en fais le pari, si tu veux.

— Soit, dit Marcel, parions un cigare, comme les membres du Jockey-Club. Aussi bien, tu n’as plus que faire ici. J’ai trente et un francs, nous sommes riches. Allons de ce pas chez mademoiselle Pinson ; je suis curieux de la voir.

Il mit la robe sous son bras et tous deux sortirent de la boutique.