Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— N’y a-t-il pas entre vous quelque rivalité ? Ne faites-vous pas la cour à quelque femme ?…

— Non, en vérité, pour ce qui me regarde, je ne fais la cour à personne, et je ne vois aucun motif raisonnable qui ait fait franchir ainsi à votre frère les bornes de la politesse.

— Ne vous êtes-vous jamais disputés ensemble ?

— Jamais, une seule fois exceptée, c’était du temps du choléra : M. de Berville, en causant au dessert, soutint qu’une maladie contagieuse était toujours épidémique, et il prétendait baser sur ce faux principe la différence qu’on a établie entre le mot épidémique et le mot endémique. Je ne pouvais, vous le sentez, être de son avis, et je lui démontrai fort bien qu’une maladie épidémique pouvait devenir fort dangereuse sans se communiquer par le contact. Nous mîmes à cette discussion un peu trop de chaleur, j’en conviens…

— Est-ce là tout ?

— Autant que je me le rappelle. Peut-être cependant a-t-il été blessé, il y a quelque temps, de ce que j’ai cédé à l’un de mes parents deux bassets dont il avait envie. Mais que voulez-vous que j’y fasse ? Ce parent vient me voir par hasard ; je lui montre mes chiens, il trouve ces bassets…

— Si ce n’est que cela encore, il n’y a pas de quoi s’arracher les yeux.

— Non, à mon sens, je le confesse ; aussi vous dis-je, en toute conscience, que je ne comprends exacte-