Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la Bretonnière et la froissant entre ses doigts. Il faut que je lui dise son fait un de ces jours.

— Oh ! oh ! Berville, vous prenez feu, mon cher. La Vernage vous touche, je le vois. Eh bien ! tenez, faisons l’échange. Votre confidence pour mon bracelet.

— Vous l’avez donc, ce bracelet ?

— Vous l’aimez donc, cette marquise ?

— Ne plaisantons pas. L’avez-vous ?

— Non pas, je ne dis pas cela. Je vous répète que ma position…

— Belle position ! Vous moquez-vous des gens ? Quand vous iriez à l’Opéra, et quand vous seriez figurante à vingt sous par jour…

— Figurante ! s’écria Javotte en colère. Pour qui me prenez-vous, s’il vous plaît ? Je chanterai dans les chœurs, savez-vous !

— Pas plus que moi ; on vous prêtera un maillot et une toque, et vous irez en procession derrière la princesse Isabelle ; ou bien on vous donnera le dimanche une petite gratification pour vous enlever au bout d’une poulie dans le ballet de la Sylphide. Qu’est-ce que vous entendez avec votre position ?

— J’entends et je prétends que, pour rien au monde, je ne voudrais que monsieur le baron pût voir mon nom mêlé à une mauvaise affaire. Vous voyez bien que, pour vous recevoir, j’ai dit que vous étiez mon parent. Je ne sais pas ce que vous ferez de ce bracelet, moi, et il ne vous plaît pas de me le dire. Monsieur le baron