Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.

être reçus ; mais ils furent introduits par une femme de chambre dans un appartement assez riche, d’un goût peu sévère, orné de statuettes, de glaces et de cartons-pâtes, à peu près comme un café. La maîtresse du lieu était à sa toilette ; elle fit dire qu’on attendît, et qu’elle allait recevoir M. de Berville.

— À présent, je te laisse, dit Armand à son frère ; tu vois que nous sommes venus à bout de notre campagne. C’est à toi de faire le reste ; décide madame Rosenval à te rendre ton bracelet ; qu’elle l’accompagne d’un mot de sa main qui donne plus de poids à cette restitution ; reviens armé de cette preuve authentique, et moquons-nous de la marquise.

Armand sortit sur ces paroles, et Tristan resta seul à se promener dans le somptueux salon de Javotte. Il y était depuis un quart d’heure, lorsque la porte de la chambre à coucher s’ouvrit. Un gros et grand monsieur, à la démarche grave, à la tête grisonnante, portant des lunettes, une chaîne, un binocle et des breloques de montre, le tout en or, s’avança d’un air affable et majestueux. — Monsieur, dit-il à Tristan, j’apprends que vous êtes le parent de madame Rosenval. Si vous voulez prendre la peine d’entrer, elle vous attend dans son cabinet.

Il fit un léger salut et se retira.

— Peste ! se dit Tristan, il paraît que Javotte voit à présent meilleure compagnie que dans l’allée de la rue Saint-Jacques.