Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Javotte et son serpentin bleu sont ta seule et unique ressource. Paris est grand, c’est vrai, mais nous avons du temps. Ne le perdons pas ; et d’abord, où demeurait jadis cette demoiselle ?

— À te dire vrai, je n’en sais plus rien ; c’était, je crois, dans un passage, une espèce de square, de cité.

— Entrons chez le bijoutier, et questionnons-le. Les marchands ont quelquefois une mémoire incroyable ; ils se souviennent des gens après des années, surtout de ceux qui ne les payent pas très bien.

Tristan se laissa conduire par son frère ; tous deux entrèrent dans la boutique. Ce n’était pas une chose facile que de rappeler au marchand un objet de peu de valeur acheté chez lui il y avait longtemps. Il ne l’avait pourtant pas oublié, à cause de la singularité des deux noms réunis.

— Je me souviens, en effet, dit-il, d’un petit bracelet que deux jeunes gens m’ont commandé l’hiver dernier, et je reconnais bien monsieur. Mais quant à savoir où ce bracelet a été porté, et à qui, je n’en peux rien dire.

— C’était à une demoiselle Javotte, dit Armand, qui devait demeurer dans un passage.

— Attendez, reprit le bijoutier. Il ouvrit son livre, le feuilleta, réfléchit, se consulta, et finit par dire : C’est cela même ; mais ce n’est point le nom de Javotte que je trouve sur mon livre. C’est le nom de madame de Monval, cité Bergère, 4.