Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Confession d’un enfant du siècle.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.

extrême langueur et me pria d’une voix tendre de la laisser pour qu’elle se mît au lit. Elle pouvait à peine marcher, je la portai jusqu’à l’alcôve et la posai doucement sur son lit. Il n’y avait en elle aucune marque de souffrance ; elle se reposait de sa douleur comme d’une fatigue et ne semblait pas s’en souvenir. Sa nature faible et délicate cédait sans lutter, et, comme elle l’avait dit elle-même, j’avais été plus loin que sa force. Elle tenait ma main dans la sienne ; je l’embrassai ; nos lèvres encore amantes s’unirent comme à notre insu, et, au sortir d’une scène si cruelle, elle s’endormit sur mon cœur en souriant comme au premier jour.