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La Reine.

Est-ce de Cipolla ?

Minuccio.

Encore moins.

Le Roi.

Commence toujours. [Après un combat, mieux encore qu’après un festin, j’aime à écouter une chanson, et plus la poésie en est douce, tranquille, plus elle repose agréablement l’oreille fatiguée ; car c’est un grand fracas qu’une bataille, et pour peu qu’un bon coup de masse sur la tête…

Les demoiselles poussent un cri.

Silence ! Récite d’abord ta chanson ; tu nous diras ensuite quel est l’auteur. On porte ainsi un meilleur jugement.

Minuccio.

Votre Majesté se rit des principes. Que deviendrait la justice littéraire si on lui mettait un bandeau comme à l’autre ?] L’auteur de ma romance est une jeune fille.

La Reine.

En vérité !

Minuccio.

Une jeune fille charmante, belle et sage, aimable et modeste ; et ma romance est une plainte amoureuse.

La Reine.

Tout aimable qu’elle est, elle n’est donc pas aimée ?

Minuccio.

Non, madame, [et elle aime jusqu’à en mourir. Le