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La Reine.

Oh ! je suis forte, quand vous êtes vainqueur. Tenez, don Pèdre, votre épée est plus légère que mon fuseau. — Le prince de Salerne est donc votre prisonnier ?

Le Roi.

Oui, et monseigneur d’Anjou payera cher pour la rançon de ce vilain boiteux. — Pourquoi ces gens-là s’en vont-ils ?

Il s’assoit.
La Reine.

Mais, c’est que vous les avez grondés.

[Le Roi.

Oui, je suis bien barbare, bien tyran ! n’est-ce pas, ma chère Constance ?

La Reine.

Ils savent que non.

Le Roi.

Je le crois bien ; vous ne manquez pas de le leur dire, justement quand je suis fâché.

La Reine.

Aimez-vous mieux qu’ils vous haïssent ? Vous n’y réussirez pas facilement. Voyez pourtant, ils se sont tous enfuis ; votre colère doit être satisfaite.] Il ne reste plus dans la galerie qu’un jeune homme qui se promène là, d’un air bien triste et bien modeste. Il jette de temps en temps vers nous un regard qui semble vouloir dire : Si j’osais ! — Tenez, je gagerais qu’il a quelque chose de très-intéressant, de très-