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Madame de Léry.

Vous avez raison, je m’exprime mal. Il est digne de vous et vous aime ; mais il est homme et orgueilleux. Quelle pitié ! Et où est donc votre bourse ?

Mathilde.

La voilà ici sur la table.

Madame de Léry, prenant la bourse.

Cette bourse-là ? Eh bien ! ma chère, elle est quatre fois plus jolie que la sienne. D’abord elle n’est pas bleue, ensuite elle est charmante. Prêtez-la-moi, je me charge bien de la lui faire trouver de son goût.

Mathilde.

Tâchez. Vous me rendrez la vie.

Madame de Léry.

En être là après un an de mariage, c’est inouï ! Il faut qu’il y ait de la sorcellerie là-dedans. Cette Blainville, avec son indigo, je la déteste des pieds à la tête. Elle a les yeux battus jusqu’au menton. Mathilde, voulez-vous faire une chose ? Il ne nous en coûte rien d’essayer. Votre mari viendra-t-il ce soir ?

Mathilde.

Je n’en sais rien, mais il me l’a dit.

Madame de Léry.

Comment étiez-vous quand il est sorti ?

Mathilde.

Ah ! j’étais bien triste, et lui bien sévère.

Madame de Léry.

Il viendra. Avez-vous du courage ? Quand j’ai une