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ami, tu refuserais de le voir ? A-t-il rien fait pour que tu le haïsses ?

Carmosine.

Rien, non,… rien ; je ne le hais pas ; — qu’il vienne, si vous voulez… Ah ! je me sens mourir !

Maître Bernard.

Calme-toi, je t’en prie ; on ne fera rien contre ta volonté. Ne sais-tu pas que je te laisse maîtresse absolue de toi-même ? Ce que je t’en ai dit n’a rien de sérieux, c’était pour savoir seulement ce que tu en aurais pensé dans le cas où par hasard… Mais il n’est pas ici, il n’est pas revenu, il ne reviendra pas.

À part.

Malheureux que je suis, qu’ai-je fait ?

Carmosine.

Je me sens bien faible.

Elle s’assoit.
Maître Bernard.

Seigneur mon Dieu ! il n’y a qu’un instant, tu te trouvais si bien, tu reprenais ta force ! C’est moi qui ai détruit tout cela, c’est ma sotte langue que je n’ai pas su retenir ! Hélas ! pouvais-je croire que je t’affligerais ? Ce pauvre Perillo était venu… Non, je veux dire… Enfin, c’était toi qui m’en avais parlé la première.

Carmosine.

Assez, assez, au nom du ciel ! il n’y a point de votre faute. Vous ne saviez pas,… vous ne pouviez pas sa-