Prenez courage.
Non, je ne le vois pas. À examiner froidement, raisonnablement ce qui m’arrive, je ne veux pas vous tromper, je ne vois nul remède, nul espoir. Je perds l’homme que j’aimais, et ce qu’il y a de plus affreux encore, je suis forcée de le mépriser. Que voulez-vous que je devienne ? Es-tu de mon avis, Calabre ? Plus je réfléchis, et plus je vois qu’il n’y a plus pour moi d’existence possible. Je ne peux plus rien faire que prier et pleurer. Est-ce à ce reste de moi-même, à ce fantôme de votre amie que vous voulez donner la main ? est-ce à un masque couvert de larmes ?
- Elle pleure.
Oui, morbleu ! et ces larmes-là, je ne vous demanderai jamais de les essuyer. Je respecte trop votre douleur pour tâcher de vous en distraire, mais je vous dis : le temps s’en chargera, — et laissez-moi aussi achever ma pensée, dût-elle vous choquer en ce moment. Vous n’avez plus, dites-vous, d’existence possible ? Vous en avez une toute faite, la seule qui vous convienne, celle que vous aimez, que vous avez choisie, qui est notre plaisir et votre gloire… Vous retournerez au théâtre.
Y pensez-vous ?