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Le marquis.

Je sais tout, ma chère.

Bettine.

Ah ! vraiment ? Cette nouvelle est-elle déjà connue ? Suis-je déjà la fable de la ville ? Sans doute il y a du plaisant dans cette aventure, elle fournira matière à la gaieté publique ; mais comment oseraient-ils rire de moi, avant de savoir ce que je vais faire ? Tout n’est pas fini, et apparemment j’ai aussi le droit de dire mon mot dans cette comédie.

Le marquis.

Personne ne se rira de vous. Il n’y a rien de moins plaisant que de voler l’argent du prochain.

Bettine, s’animant par degrés.

Voler ! qui parle d’une chose pareille ? Cette somme dont j’ai disposé, je l’ai donnée volontairement, j’ai supplié qu’on l’acceptât. J’ai été obligée d’employer la ruse pour vaincre un refus obstiné. Il est vrai que mon stratagème n’a pas tourné à mon avantage ; mais qui peut dire que je m’en repente ? Si c’est de cela que vous me plaignez, vous me supposez un singulier chagrin.

Elle se lève.
Le marquis.

Je ne sais pas quelle est la somme, mais il paraît que ce n’est pas peu de chose.

Bettine.

Eh ! que m’importe ? Quelle étrange idée vous faites-vous donc des personnes mêmes que vous prétendez